La forêt. Solitudes et solidarités

Cercle Cité

Développée indépendamment mais en écho aux thématiques portées par la LUGA, l’exposition La forêt. Solitudes et solidarités. explore les relations complexes qui se tissent entre les environnements urbains et forestiers, ainsi que la place qu’occupe la forêt dans l’imaginaire contemporain.

Exposition au Cercle Cité
Du 10 octobre 2025 au 18 janvier 2026

La forêt. Solitudes et solidarités.

Dans nos sociétés occidentales, la ville et la forêt sont souvent appréhendées selon une opposition entre nature et culture qui continue d’influencer nos représentations collectives, nos projets de société et nos politiques d’aménagement. À travers l’histoire, les rapports des humains à la forêt sont ainsi marqués par une profonde ambivalence. En tant qu’espace à la fois mystérieux et inquiétant, la forêt fascine autant qu’elle effraie. Lieu magique et enchanté dans les contes et légendes, elle se présente aussi comme un territoire sombre, potentiellement hostile. Par ailleurs, la forêt est également perçue sous un prisme utilitaire. Elle constitue une ressource soumise à des logiques d’exploitation et de gestion.

Néanmoins, malgré leur transformation en espaces administrés, les forêts continuent d’incarner l’image d’un monde en marge de la civilisation, résistant à son emprise. Cette idéalisation de la nature, véhiculant le mythe d’un ordre originel harmonieux, antérieur à la corruption du progrès, traverse les siècles. Elle alimente aujourd’hui encore des imaginaires artistiques, s’inspirant de l’idée d’un âge d’or perdu.
De même, bien que les espaces forestiers soient depuis longtemps gérés et désormais majoritairement fréquentés à des fins récréatives, ils restent associés à un sentiment de liberté et une sensation de plénitude. À la fois sanctuaire et lieu de respiration, la forêt conserve son aura romantique. Pour les artistes, elle demeure un lieu de contemplation et d’inspiration.

Au carrefour des enjeux écologiques, culturels et sociaux contemporains, la forêt constitue également un objet d’étude privilégié pour les sciences contemporaines. Loin d’une conception harmonieuse, les milieux forestiers révèlent un monde vivant complexe, fait d’opportunismes et d’associations symbiotiques surprenantes. Dans ces espaces, rien n’existe seul. La vie se tisse à partir de relations mutualistes, constamment influencées par des déséquilibres et des ajustements. Ce sont parfois les rencontres fragiles entre espèces qui assurent la résilience d’un écosystème.

Ainsi, les regards croisés de l’anthropologie, de la biologie et de l’art permettent aujourd’hui d’élargir notre compréhension du vivant. Ils nous invitent à repenser nos modèles de société en les élargissant au-delà de l’humain. Rassemblées, ces approches ouvrent des voies vers un monde où la solidarité et l’entraide prendraient le dessus sur la compétition, en valorisant des modèles agiles et collaboratifs.

Clément Minighetti, commissaire de l’exposition